lundi 29 avril 2013

Prix des souliers à Québec la fin du XVIIe siècle

Le livre de comptes 1688-1700 du Séminaire de Québec procure une bonne information de la garde-robe des habitants de la région de Québec. On achète des bas, des bonnets, des caleçons, une calotte à oreille, des capots, des ceintures, des chapeaux, des chemises, des chemisettes, des culottes, des escarpins, des galoches, des hauts de chausse, des jambettes, des mitaines, des pantoufles, une robe de chambre, des souliers de toutes sortes et des tapabords. 

La paire de souliers constitue la pièce d’habillement dont on parle le plus. On achète des souliers sauvages, des souliers de bœuf, des souliers de cordonnerie et des souliers de Normandie. Le soulier de Normandie ou soulier français, subit une légère augmentation de prix de 1688 à 1700. Une paire de ce type de chaussure coûte six livres en 1688, six livres et dix sols en 1691, sept livres et dix sols en 1695, entre sept et huit livres en 1697 et sept livres en 1700. Jusqu’en 1694, son prix maximal se situe à six livres et dix sols, prix maximal qui atteint huit livres pour les six années suivantes. On peut penser que la qualité des souliers de cordonnerie s’apparente à celle des souliers de Normandie car leurs prix sont à peu près les mêmes. De fabrication locale, les souliers de bœuf ou souliers sauvages se vendent de six à huit fois moins cher que les souliers de Normandie. Leur prix se situe normalement entre vingt et trente sols la paire. La plus forte somme demandée pour une paire de souliers de bœuf se monte 40 sols en 1695.

Les prix de paires de souliers en Nouvelle-France pour la période de 1688 à 1700, selon le livre de comptes du Séminaire de Québec.

Année    souliers de Normandie   souliers sauvages
                     (livres)                            (sols)

1688              6                             20 à 25
1689           5 à 6                          25 à 30
1690       
1691            6½                              30
1692          5 à 6½   
1693                                           25 à 35
1694          5 à 6                             30
1695            7½                              40
1696             8                             25 à 40
1697          7 à 8   
1698       
1699         7 à 7½                           25
1700           7½                              30

En quelques occasions, on remarque l’usage de types particuliers de chaussures. Par exemple, le 14 octobre 1696, Jacques Levert reconnaît devoir une somme de seize livres pour une paire de souliers de loup-marin et à une occasion, en mai 1695, on fait mention d’une paire de sabots que Mathieu Mirault dit la Bouteille doit payer dix sols. En Nouvelle-France, on porte aussi des galoches et des escarpins. Le 16 octobre 1696, François Choqueteau doit une somme de deux livres pour une paire de galoches et le 18 août 1698, Antoine de Gand doit, pour le même item, une somme de deux livres et cinq sols. À la différence des sabots qui étaient faits d'une seule pièce de bois, les galoches ont une semelle en bois et une tige en cuir. Aussi en 1696, Louis de Longuefosse dit le Parisien doit une somme de quatre livres pour une paire d’escarpins. Le dictionnaire Furetière définit l’escarpin comme un « soulier sans talon et à simple semelle, qui sert particulièrement pour la danse et pour la propreté ».

L’acquisition de paires de bas revient à plusieurs reprises dans le livre de comptes du Séminaire de Québec. Le prix varie peu; payée quatre livres en 1688, la paire de bas se vend entre quatre livres et dix sols et cinq livres et dix sols, dans la majorité des occasions.

lundi 22 avril 2013

Contrat de mariage entre Joseph Parent, le triplet, et Marie Bélanger

Transcription de l'acte notarié du contrat de mariage de Joseph Parent, le triplet, et de Marie Bélanger, le 11 février 1696.

Par devant Jean Robert duprac Notaire à Beauport
Residant au dit beauport Et teSmoints Soubs Signéz
furent presents En leurs personnes Pierre parant
marchand boucher Et Jeanne badeau Sa femme de son mary
authoriSée pour leffect des presentes habitant En la paroiSSe
de nostre dame de beauport au nom Et comme Stipullant
pour Joseph parant leur fils a ce present pour luy Et En Son nom
D’une part, Et Marie de Renville veufve de deffunct
nicollas ade habitant Et de la paroiSSe de nostre dame du
dit beauport au nom Et comme faisant Et Stipullant
En cette partye pour Marie bellanger Sa fille Et du dit
deffunct bellanger la ditte fille a ce present Et de son
consentement pour elle Et En son nom D autre part
Lequels partyes de leurs bons grés Et volonté En la
presence Et du consentement de leurs parens Et amis
pour ce assemblés de part, Et d’autre, Sçavoir de la part
des dits pierre parent Et de Jeanne badeau Sa femme
Et De leur dit fils de Monseigneur le Comte de
frontenac gouverneur Et lieutenant général pour le Roy dans touttes
letendüe de la Nouvelle france Et de Monseigneur
de Champigny Intendant des finances pour Sa maison
En la Nouvelle france conseiller du Roy En Ses conseils
Et de Monsieur de Monseignat Secretaire de Monseigneur
le gouverneur Et de Jacques, pierre, andré, Jean leinaye
Estienne, Jean, Michel claude, charles, Et anthoine parant
Et de Joseph Rancourt, Et de Marie parant Sa femme
Et de Jean baugy Et de tarraiSe parant Sa femme, Et
de Jacques aviSSe, Et de geneviefve parant Sa femme,
Tous freres beaux freres Et Seurs du dit Joseph
Parant, Et de la part de la ditte Marie de Rinville
Et de sa ditte fille, de Pierre leinay, de Nicollas, de
Paul, Et de pierre bellanger, Et de Estienne Soüet bourgeois
de quebecq, Et de Jean giroux, Et de theraiSe Et de
françoise bellanger tous freres beaux freres Et Seurs
de la ditte marie belanger Et de Jean Soüet son
nepveu Reconnurents Et Confesserents avoir faict
les traictés Et promesses de mariage qui En suivent
C’est a sçavoir la ditte marie de Rinville avoir promis
Et promet de donner Et bailler Sa ditte fille par nom Et
loy de mariage au dit Joseph parant qui la promis Et
promet prandre En Sa femme Et legitime Espouse
Comme auSSy la ditte marie bellanger la promis Et
promet prandre pour son mary Et legitime Espoux
En le dit mariage faire Et Solemniser En Saincte Esglise
Catholique apostolique Et Romaine le plustost que faire
ce pourra, Et quil Sera adviSé Et deliberé Entre-eux
leurs dits parents Et amis, Sy dieu Et nostre ditte
mere Saincte Esglise Sy consentent Et accordent
Pour Estre uns Et communs En tous biens meubles
acquest Et conquest Immeubles Suivant la coustume
de paris, ne seront les dits futurs conjoincts tenus
aux debtes ny hipotecques lun de lautre faictes Et créés
auparavant la Solemnite de leur dit mariage ainsi Sy
aucunnes y â Elle seront payés Et acquittés par celuy ou
celle de quy elle procederont Et Sur Son bien En faveur
duquel futur mariage Et pour â y celuy parvenir
La ditte Marie de Rinville a promis Et promet de donner
Et bailler a Sa ditte fille la Somme de deux cent livres
tournois y comprenant son habit nuptial Estimé la
Somme de soixante livres, En deduction sur la dite Somme
de deux cent livres, Et les cent quarante livres le landemain
de leurs Espousailles Et benediction nuptialles En advencement
d’hoirie, Pareillement les dits pierre parant, Et Jeanne
badeau Sa femme ont promis Et promettent de donner
Et bailler a leur dit fils aussy En advencement d’hoirie
la Somme de trois cent livres tournois a payer En trois
termes Esgaux, Scavoir la Somme de cent livres de pasque
prochain qui vient d’an un an Et continuer d’an En an
Jusques a parfaict payement Sera la future Espouse
Doué du doüaire coutumier de la somme de cincq
cent livres tournois de douaire prefix pour une fois payée
a son choix Et option, le preciput Sera Reciprocque Entre
Eux de la Somme de deux cent cincquante livres Pourra
la future Espouse advenant la dissolution de leur ditte
Communauté renoncer a ycelle Et En ce faisant Reprendre
ce qu elle aura porté avecq son dit futur Espoux Ses habits
bagues Et Joyeaux Ses douaires Et preciput tels que dessus
Et tout ce que pendant Et constant le dit mariage luy
sera advenu Et Eschu tant par succession donnayon Et
autrement le tout franchement Et quittement sans payer
aucunnes debtes de leur ditte Communauté Encore bien
qu’elle y fut obligee ou condemné Car ainsy a Esté
le tout accordé Entres les dittes partyes parens Et amis
promettant & obligeant chacun En droict sy Renoncant &
faict & passe En la Maison de la ditte de Rinville
au village de Sainct Michel En la ditte paroiSSe de nostre
dame de Beauport Le unziesme Jour de fevrier l an
mil six cent quatre vingt Seize En presence des Sieurs Sus
nommes parans Et amis Et de Jean turgeon tesmoints
Et ont la dite future Espouse le dit pierre paran, la dite de
 Rinville les dits Jacques, andré, Estienne, Jean claude charles Et
anthoine parant Et pluSieurs autres declarés ne Sçavoir
Escrire ny Signer de ce Interpellé Suivant lordonnance.

            joseph parant
Frontenac
Bochart Champigny                        Catherine Saintes
                jean maillou      De Monseignat
Joseph maillou            francoise Jachée beaulieu
Louis philipo        Jean TurGeon        Catherine nolan
                          Claude desainte
jacques avisse    geneviefve parant         Joseph Rancourt
        Jean baugis            Duprac         marie parant
Jean chevallier                   

lundi 15 avril 2013

Mathurin Parent : sa famille en France


Dans mon blogue publié le 24 juin 2011, je présentais les quatre familles Parent qui ont émigré en Nouvelle-France et qui ont fait souche. Dans ces quatre familles, il y a celle de Mathurin Parent, charpentier, fils de Thomas Parent et de Marie Marné ou Marnay. Mathurin Parent a été baptisé le 22 novembre 1655, à Leugny (St-Hilaire), en Vienne. Avant sa venue en Nouvelle-France, il résidait à La Guerche, en Indre-et-Loire. Il a épousé, à Montréal, Jeanne Boucher, fille de François Boucher et d’Anne Lépine, le 12 janvier 1688. Il a passé sa vie à Montréal. Il est décédé le 19 janvier 1732, à Montréal.

Dans la revue de Touraine Généalogie (bulletin No 92, quatrième trimestre 2012), dans la rubrique « Nous sommes tous cousins », on présente un tableau d’une famille Parent. Ce tableau est intitulé « cousinage Parent-Babou ». En tête du tableau généalogique trône le couple Antoine Parent et Perrine Babou qui se serait marié à La Guerche vers 1610.

Les mariages de trois des fils du couple Parent-Babou  sont présentés :

1- Thomas Parent marié à Marie Marnay vers 1655, à Leugny;
2- Antoine Parent marié à Catherine Ruau, le 8 février 1643, à Leugny;
3- Annet Parent marié à Anne Paget, le 21 juillet 1652, à Leugny.

Le tableau se poursuit à la génération suivante avec trois enfants nés du mariage du couple Parent-Marnay :

1- Antoine Parent marié à Catherine-Françoise Dupuy, le 3 juillet 1690, à La Guerche;
2- Louis Parent marié à Anne Millet, le 5 juin 1695, à Leugny;
3- Marie Parent mariée à Simon Blin, le 18 juin 1674, à Leugny.

Ce qui mérite notre attention dans ce tableau réside dans le fait qu’Antoine, Louis et Marie Parent sont les frères et la sœur de Mathurin Parent, leur frère aventurier qui a émigré en Nouvelle-France.

Il n’est pas si fréquent de pouvoir faire des liens entre un émigrant établi en Nouvelle-France et sa famille restée en France.

lundi 8 avril 2013

Le pot-de-vin en Nouvelle-France

Le 9 décembre 1670, par contrat rédigé par le notaire Romain Becquet, Pierre Parent s’engage à livrer à Charles Aubert, sieur de la Chesnaye, un très important marchand de la ville de Québec, un nombre de pipes de chaux vive que le sieur de la Chesnaye aura besoin pour un bâtiment qu’il fait construire en la Basse-Ville Québec sur la rue Sault-au-Matelot. Ce nouveau bâtiment sera attenant à sa grande maison. En plus de la chaux vive, Parent s’engage aussi à livrer de 45 à 50 chaloupées de pierre de Beauport « de la meilleure et de la bonne grandeur et grosseur en toute Sorte qu’il y en a de propre pour faire les Coins du bâtiment ». Ce marché est fait aux conditions suivantes : Parent recevra la somme de 100 sols pour chaque pipe de chaux, et celle de 10 livres et 10 sols pour chaque chaloupée de pierres. Le  sieur de la Chesnaye a promis de payer Parent au fur et à mesure des livraisons. Parent doit apporter la chaux et la pierre sur le bord de la rivière de Beauport pour faciliter le chargement.  En faveur et considération du marché de la dite pierre, le sieur de la Chesnaye donne et promet livrer à Parent une barrique de vin rouge. Parent recevait ainsi un pot-de-vin; ce qui était dans l'orde des choses en Nouvelle-France.

Le pot-de-vin était un cadeau ou une gracieuseté que le preneur donnait au bailleur sans égard au prix du bail. On appelait aussi pot-de-vin ce que l’on donnait au vendeur au-delà du prix de vente, dans une vente ou un marché (1).

(1) Michel Langlois, La paléographie ou l’art de déchiffrer les écritures anciennes, Sillery, La maison des ancêtres, 1999 p. 56.

lundi 1 avril 2013

Prix des boissons alcooliques dans la région de Québec entre 1688 et 1700 d’après le livre de comptes C4 du Séminaire de Québec

On ne peut parler d’alimentation sans toucher aux boissons alcooliques. L’habitant de la Nouvelle-France boit du vin et de l’eau-de-vie et, selon le livre de comptes du Séminaire, il ne s’en prive pas. Les prix du vin et de l’eau-de-vie augmentent graduellement au fil des ans  Celui du vin passe de sept sols et six deniers la pinte à huit sols la pinte de 1688 à 1691 pour atteindre vingt sols la pinte en 1699. La pinte d’eau-de-vie coûte toujours plus cher que celle de vin. Payée quinze ou seize sols en 1689 après avoir été payée entre 25 et 45 sols l’année précédente, la pinte d’eau-de-vie atteint un prix de 30 à 35 sols en 1700.

L’eau-de-vie se vend souvent en petites quantités, souvent en chopines et en roquilles, mais elle se vend également en grandes quantités, soit en pots et en barriques. Il en est de même pour le vin avec une exception, on ne le vend pas à la roquille. Il faut ajouter le baril à ces différents contenants. En octobre 1689, Monseigneur de Québec doit une somme de 23 livres et 14 sols pour un baril de vin qui contient 31,5 pots.


Prix des boissons alcooliques en Nouvelle-France pour la période de 1688 à 1700, selon le livre de comptes du Séminaire de Québec.


Année     eau-de-vie        vin
            (sols/pinte)    (sols/pinte)

1688     25 à 45                8
1689     15 à 16                8
1690     20                       7,5
1691     20                       7,5
1692                               10
1693     35   
1694     32                       15
1695     40                       15
1696     30                       15 à 16
1697                               20
1698     30 à 35   
1699                               20
1700     30 à 35