lundi 7 janvier 2013

Michel Parent, charpentier de navire en 1710


Le 6 octobre 1695, Charles Juchereau concède à Michel Parent et à Michel Chevalier, son beau-frère, à part égale, une terre dans la seigneurie de Beauport (1). Michel Parent a épousé jeanne Chevalier, le 24 novembre 1692, à Beauport. Deux ans plus tard, les deux associés retournent cette propriété à Charles Juchereau (2). Pendant plusieurs années, Michel Parent ne signe aucun contrat de charpenterie maritime alors que son beau-frère continue à œuvrer dans ce métier.

En 1710, Michel Parent et Michel Chevalier, son beau-frère, s’associent de nouveau, non pas dans l’achat d’une terre comme il y a 17 ans, mais plutôt dans la construction maritime. En effet, les deux associés s’engagent à construire un brigantin pour le marchand Louis Prat. Un brigantin se définit comme « un vaisseau de bas bords à deux mâts et un seul pont. Il porte la voile carrée au mât d’avant et la voile latine à l’autre. Sa coupe effilée en fait un bon petit vaisseau de guerre »(3). Il ne s’agit pas d’une petite chaloupe, qu’on en juge! Parent et Chevalier «promettent et s’obligent envers le dt Prat de faire et parfaire bien et dument au dire d’ouvriers et gens à ce connaissant tous les ouvrages de charpenterie qui seront necessaires pour la construction d’un brigantin de quarante cinq pieds de quille, lequel aura onze pieds de barre d’arcasse, seize pieds de maistre baux […] ». Le sieur Prat déboursera 2 400 livres pour prendre livraison de son bateau (4).

La construction du navire débute, mais rapidement Louis Prat et les charpentiers conviennent d’en modifier les plans. À la fin de l’été, les protagonistes s’entendent et se présentent chez le notaire Pierre Rivet. Le 5 septembre, parce que le brigantin « aura quarante cinq pieds de quille au lieu de quarante huit, huit pieds de creux au lieu de sept, dix sept pieds et demy de Baux au lieu de seize, trois pieds de bord au lieu de deux pieds et demy, la barre d’arcasse et les matures à proportion, Ainsy que la chaloupe », les deux associés recevront une augmentation de 400 livres du marché initial signé en juillet dernier (5). Ainsi, malgré le faible prix payé pour le blé en cette année 1710, notre ancêtre s’assure d’une bonne source de revenus.

Par la même occasion, les deux Michel signent une entente pour régler leurs problèmes d’approvisionnement en bois pour cette construction. Ils parviennent à un accord avec André Loup dit le Polonais, maître de barque. Ce dernier s’engage à charroyer tout le bois nécessaire pour ce faire. André Loup promet et s’oblige à charroyer dans son bateau, de l’île aux Grues et de l’île aux Oies jusqu’à Beauport où Il pourra « monter avec la marée », tous les bois qui seront nécessaires pour la construction du brigantin (6). Les constructeurs du brigantin vont payer 60 livres par voyage au navigateur qui promet de faire autant de voyages qu’il lui sera demandé.

(1) BAnQ-Q. Minutier de François Genaple, le 6 octobre 1693.
(2) BAnQ-Q. Minutier de Louis Chambalon, le 15 octobre 1695.
(3) Jacques Mathieu, La construction navale royale à Québec 1739-1759, La Société historique de Québec, Cahier d’histoire no 23, Université Laval, 1971, p. 85.
(4) BAnQ-Q. Minutier de Pierre Rivet de Cavelier, le 8 juillet 1710.
(5) BAnQ-Q. Minutier de Pierre Rivet de Cavelier, le 5 septembre 1710.
(6) BAnQ-Q. Minutier de Pierre Rivet de Cavelier, le 5 septembre 1710.

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