lundi 19 novembre 2012

Michel Parent : Le prix de la calomnie

À toutes les périodes de notre histoire, les rumeurs et les potins ont fait partie du quotidien de nos ancêtres. Si la plupart du temps, ces mots de trop ou ces paroles blessantes portent rarement  à conséquence, il existe des cas où la personne visée par ces attaques verbales exige réparation. C’est cette situation que vivent Michel Parent et son épouse, Jeanne Chevalier. Michel Parent est le fils de Pierre Parent et de Jeanne Badeau. Le 24 novembre 1692, il épouse Jeanne Chevalier, fille de René Chevalier et de Jeanne Langlois. Michel Parent travaille comme charpentier de navire et comme cultivateur à Beauport. La vie de la famille Parent-Chevalier se déroule normalement; les enfants naissent régulièrement. Au début de 1700, Jeanne a déjà accouché à quatre occasions.

Cette vie sereine connaît des heurts en cette année 1700. Le 24 février, Michel Parent, accompagné de son épouse, doit se présenter chez le notaire Chambalon à la demande de Jean Larchevesque dit Grandpré. Ce dernier accuse Michel et Jeanne d’avoir injustement calomnié sa nièce Catherine Larchevesque en racontant que cette dernière aurait eu un enfant hors mariage quelques années auparavant. Il a entrepris de les poursuivre en justice. L’oncle prend la défense de la nièce car le père de Catherine est décédé l’année précédente. Il faut protéger la réputation de la jeune fille car elle doit se marier au cours de l’été prochain. Une jeune fille ne peut se présenter devant l’autel quand une telle rumeur entache sa réputation. Quelles peuvent être les raisons qui ont poussé Michel et Jeanne à agir ainsi ? Les familles Parent et Larchevesque sont-elles en conflit ? Ils n’apprécient pas l’idée que Catherine Larchevesque épousera, à l’été, Jean Badeau, veuf depuis très peu de temps ? La première épouse de Jean Badeau, Françoise Roy, n’est décédée que depuis 11 mois; elle a été inhumée le 20 août 1699. Rappelons que Jean Badeau est le cousin de Michel Parent et lui aussi travaille comme charpentier de navires. Bref, on ne peut que spéculer sur les circonstances qui ont amené une telle poursuite.

Michel et Jeanne doivent admettre leurs torts. Pour couper court à cette action, Michel se rend chez le notaire Chambalon qui écrit que ce dernier

Reconnoist que véritablement Luy et sa femme ont dit que ladte Catherine Larchevesque avait eu un enfant, mais quils ne L'ont dit que parce quils l'ont ouy dire; que la Vérité neantmoins Est quil N'en connoissoit point les consequences et que mal apropos ils l'ont dit et déclaré a plusieurs personnes sans faire reflection Sy cette Calomnie Luy pouvait faire tout au nom; et que C'est plus par Ignorance que par malice; pour raison de quoy Luy parant tant pour Luy que pour Jeanne chevallier safemme avoue que mal a propos et sans raison Ils ont dit Et semé ladte calomnie contre et reputation de ladte Larchevesque quil reconnoist pour une tres honneste fille et N'avoir Jamais Connu la faute dont il La vainement accusée et Luy en demande pardon Et En Consequence promet et s'oblige ledt parant payer audt Larchevesque ce acceptant la Somme de dix neuf livres pour tous les fraits de ladte faite jusque au Jour dans la feste de Saint Jean baptist proschaine.

Michel et Jeanne se reconnaissent d’avoir colporté une rumeur et parlé sans discernement et, de ce fait, avoir porté atteinte à la réputation d’une jeune fille. Ils doivent donc s’excuser et payer un montant de 19 livres en dommages au plaignant.

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