lundi 13 août 2012

Michel Parent, charpentier de navire

Michel Parent est le neuvième enfant de Pierre Parent et de Jeanne Badeau. Nous ne trouvons aucune trace de l'apprentissage d'un métier pour le jeune Michel Parent; cette information pourrait nous renseigner sur sa vie de travailleur. Mais au mois de décembre 1691, voici une première piste. Michel va très bientôt avoir 20 ans et il considère qu'il a atteint la maturité nécessaire pour prendre des engagements. Le 12 décembre 1691, Michel, représenté par sa mère, négocie son premier contrat. Devant le notaire Rageot, Jeanne Badeau reconnaît devoir à François Hazeur, marchand bourgeois de Québec, la somme de 487 livres et 5 sols pour les agrès et « apparaux » d'une chaloupe neuve que son fils Michel et son beau-frère Joseph Rancourt ont commencé à construire au mois d'août précédent (1). Michel et son beau-frère ne peuvent probablement pas fournir de garanties valables à François Hazeur, d'où l'implication de sa mère qui leur permet d'acquérir ainsi le matériel désiré. Que Jeanne Badeau signe des actes notariés peut surprendre, mais elle l’a fait à de nombreuses reprises sa vie durant. Nous ignorons la façon dont s’est terminée cette affaire.

Le partenaire de Michel, Joseph Rancourt, fils de Pierre Rancourt et de Jeanne-Claude de Boisandré, est né en France. Ses parents n’ont pas posé les pieds en Nouvelle-France. Il a épousé la sœur de son associé, Marie Parent, veuve de David Corbin, le 5 février 1685, à Beauport. De l'année de son mariage à la signature de ce contrat, six années plus tard, Rancourt a touché à plus d'un métier. Il a loué une ferme (2), pratiqué le métier de boucher (3) et réparé des chaloupes (4).

Ainsi, Michel apprend à construire des chaloupes. Pour pratiquer cette activité spécialisée, on pourrait penser qu’il a été placé en apprentissage. Traditionnellement, avant de pouvoir pratiquer un métier, une période d’apprentissage est exigée, personne ne peut s’y soustraire, du moins dans la mère patrie. En Nouvelle-France, le besoin pressant d’ouvriers spécialisés force les dirigeants de la colonie à assouplir les règles entourant les corporations des métiers par rapport à ce qui existe en France, surtout en ce qui concerne la durée de la période d’apprentissage.

Pourtant, dans la famille Parent, on reconnaît les avantages et l’utilité d’apprendre un métier sous l’enseignement d’un maître, car au moins deux frères de Michel sont engagés comme apprentis. Par exemple, en 1692, Étienne, le frère de Michel, entre en apprentissage chez l’architecte Claude Baillif (5). Ce maître artisan s’engage à « luy montrer et Enseigner a tailler de la pierre, massonnée et toutes autres choses dont le dt Sieur Baillif se connaît ». La famille Parent connaît bien le chemin qui mène à l’atelier de Claude Baillif car, cinq années auparavant, Jean Parent, le jeune frère de Michel, avait déjà été placé en apprentissage chez ce même Baillif (6).

Si Michel ou son beau-frère ont suivi quelque apprentissage, nous n’en trouvons aucune trace. Quoi qu’il en soit, en 1692, Joseph Rancourt, qui accompagne Jeanne Badeau lors de la signature du contrat d’apprentissage d’Étienne Parent, se qualifie de « Maître charpentier». Michel apprend vraisemblablement son métier ainsi en collaborant avec son beau-frère même si aucun acte notarié ne légalise cette situation. Il semble bien que cette étape en ce qui regarde les charpentiers de navires n’ait jamais été considérée comme indispensable. La transmission de leur art se fait à l’intérieur d’un réseau familial dans lequel plusieurs membres prodiguent leurs connaissances à leurs descendants. Ainsi Joseph Rancourt s’occupe de la formation de Michel Parent.

(1) BAnQ-Q. Minutier de Louis Chambalon, le 12 décembre 1691.
(2) BAnQ-Q. Minutier de Pierre Duquet, le 26 mars 1685.
(3) BAnQ-Q. Minutier de Pierre Duquet, le 22 juillet 1685.
(4) BAnQ-Q. Minutier de Gilles Rageot, le 16 novembre 1688.
(5) BAnQ-Q. Minutier de Louis Chambalon, le 22 juin 1692.
(6) BAnQ-Q. Minutier de Gilles Rageot, le 11 avril 1687.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire