lundi 23 juillet 2012

Les premiers contrats de construction des triplets Parent


À la fin de l’année 1695, Étienne et Jean ont tous deux terminé leur apprentissage chez Claude Baillif. Ils peuvent maintenant voler de leurs propres ailes et assumer un travail qui fait appel à leur art. Le 14 décembre 1695, Jacques Langlois, de Québec, les engage. C’est leur premier contrat de construction et, fait à noter, il est négocié et signé par leur mère. Ce contrat comporte plusieurs éléments qui sollicitent la maîtrise de leur métier (1).


Les frères Parent devront démolir complètement un pan de mur et le reconstruire en y intégrant une cheminée qui aura les dimensions suivantes, soit « Sept pieds et deux de bord en de bord Et quatre pieds de deux jambages de hauteur, Et ladte […] cheminé de trente quatre pieds de hauteur Sur Lespoisseur ». De plus, les jumeaux construiront un four à l’arrière de la cheminée dont l’accès se fera par la cheminée. Toute la pierre utilisée pour la plate bande et les jambages de la cheminée proviendra des carrières de Beauport. Enfin, les maçons pratiqueront une ouverture de cinq pieds et demi de hauteur sur trois pieds de largeur pour l’installation d’une porte dans ce mur. Les travaux débuteront le 1er juin prochain et devront être terminés à la fin de ce mois. Étienne et Jean recevront la somme de 350 livres pour ce travail dont 200 en argent et 150 en marchandises. Pour faciliter l’achat des matériaux et le paiement des ouvriers qu’ils embaucheront, Jacques Langlois les paiera au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Langlois exige que la cheminée soit faite de pierre de Beauport et il en sera de même pour la majorité des contrats que signeront les triplets Parent. Comme la famille exploite la carrière Parent, cette exigence constitue un avantage certain pour les triplets.


Jacques Langlois se félicite du travail accompli par les deux jumeaux. Ainsi, quelques années plus tard, lorsqu’il envisage d’entreprendre la rénovation d’une maison située rue de la Montagne, à Québec, il se tourne à nouveau vers eux. Encore cette fois-ci, deux des triplets travaillent ensemble, mais ça ne sera pas le duo formé d’Étienne et Jean qui réalisera le contrat mais celui composé de Jean et Joseph. Le 2 novembre 1698, le notaire Guillaume Roger est chargé de rédiger le contrat d’un marché de construction d’une maison entre Jacques Langlois, maître tailleur d’habits de Québec, et Jean et Joseph Parent, maîtres maçons et tailleurs de pierre de Beauport. Les deux frères portent le titre de maîtres maçons, ce qui renforce l’hypothèse que Joseph aurait lui aussi été apprenti d’un Claude Baillif ou d’un de ses collègues même si aucun document officiel ne permet de le confirmer. Pour les deux maçons, il ne s’agit pas de construire complètement une maison. Langlois leur demande d’ériger les murs avant et arrière de sa maison. Ces murs auront deux pieds d’épaisseur et seront fabriqués avec de la « pierre de Beauport pour leur parement devant Et derriere Et pour En dedans de pierre commune ». Les maçons prépareront l’ouverture pour une porte à l’arrière et des ouvertures pour deux fenêtre et deux portes à l’avant, rue de la Montagne. Les frères Parent démoliront deux pans de mur et des colombages et modifieront la cheminée à l’étage. Les travaux devront être terminés à la fin du mois de juillet suivant. Langlois a déjà payé une somme de 50 livres à Jean et Joseph avant le début des travaux. Pour la pierre qui sera utilisée lors des travaux, Langlois paiera une somme de 52 francs par toise de pierre (2).


En 1696, après avoir réalisé les travaux chez Jacques Langlois, Étienne et Jean construisent une cheminée pour Jean Lefebvre, habitant de Beauport et important charpentier spécialisé dans la construction des moulins. Les deux frères ne maîtrisent pas encore toute la science qui entoure leur métier, car Lefebvre demande que la cheminée qu’ils ont construite soit refaite pour que la « clef de lad chemineé puisse tirer a conséquence ». Le 22 octobre, Lefebvre s’adresse à la prévôté de Québec. Dans sa requête, il exige que des experts viennent constater la qualité de la cheminée bâtie par les frères Parent (3). Le 30 octobre de cette même année, le juge René-Louis Chartier de Lotbinière ordonne que des experts soient choisis dans les huit jours pour procéder à la visite de ladite cheminée et d’en faire rapport au tribunal (4). On choisit des experts dont la renommée et la compétence ne se discutent pas, car il s’agit de Claude Baillif et de François de Lajoue. Dès le lendemain, ils se rendent chez Lefebvre, évaluent le travail fait et déposent leur rapport qui est sans équivoque : Étienne et Jean devront reconstruire la cheminée chez Lefebvre (5).



(1) BAnQ, Minutier de Guillaume Roger, le 14 décembre 1695.
(2) BAnQ, Minutier de Guillaume Roger, le 2 novembre 1698.
(3) BAnQ, Centre d’archives de Québec, Fonds Prévôté de Québec, document TL1,S11,SS2,D123,( http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/recherche_simple).
(4) BAnQ, Centre d’archives de Québec, Fonds Prévôté de Québec, document TL1,S11,SS2,D124 (http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/recherche_simple).
(5) BAnQ, Centre d’archives de Québec, Fonds Prévôté de Québec, document TL1,S11,SS2,D125 (http://pistard.banq.qc.ca/unite_chercheurs/recherche_simple).


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire