vendredi 2 décembre 2011

Jeanne Badeau, chef de famille

Jeanne Badeau a commencé à représenter son époux, Pierre Parent, pour les contrats concernant la carrière Parent au début de la décennie 1670. Avec les années, son engagement dans la gestion de la carrière a pris de l’importance et au milieu des années 1680, elle signait tous les contrats de livraison de pierre et de chaux. Par exemple, à la suite de l'incendie survenu au mois d'octobre 1686 qui a détruit leur monastère, les Ursulines doivent rebâtir. Ainsi, « Reverende Mere Marie de Jesus Superieure des Dames Religieuses du monastere de Ste Ursule des Ursulines de Cette ville et Anne de Saint Agnes depositaire dudt monastere » signent avec Jeanne Badeau, dans le parloir extérieur de leur couvent, un contrat d'approvisionnement de pierres et de chaux pour des travaux de maçonnerie à faire effectuer à leur monastère. Jeanne promet de faire livrer, pendant l'été qui vient, toute la pierre et toute la chaux nécessaires. Les ursulines paieront les sommes de 100 sols pour chaque pipe de chaux, 24 livres pour chaque chaloupée de pierres de taille et de 17 livres pour chaque chaloupée de pierres communes. Jeanne accepte de recevoir les sommes dues moitié en argent et moitié en marchandises (1).

L’implication de Jeanne dans la conduite des affaires de la famille ne s’est pas limitée à l’exploitation de la carrière. En 1687, elle négocie les conditions d’apprentissage du triplet Jean qui souhaite apprendre le métier de maçon et devenir, éventuellement, entrepreneur d’ouvrages de maçonnerie. Le 11 avril 1687, elle s'entend avec Claude Baillif, le plus important architecte de Québec. Celui-ci accepte de prendre Jean Parent comme apprenti pour une période de cinq ans, Baillif s'engage à former le jeune homme dans les métiers liés à la construction. Il le nourrira et l'entretiendra pendant la durée du contrat. De plus, il lui versera une somme de 150 livres, une moitié en argent et une moitié en billets (2).

Le 17 janvier 1688, Jeanne négocie avec Marie-Madeleine Pelletier veuve de défunt Nicolas Cliche, serrurier. Elle loue leur maison située sur le rue de la Montagne pour son fils Joseph l’aîné. Pierre Parent ratifie le contrat le 21 janvier (3). Le 21 mars 1694, deux des triplets, Jean et Étienne Parent, achètent de Claude Baillif un emplacement de 20 pieds de front dans la Basse-Ville de Québec et leur mère accepte la vente au nom de ses fils encore mineurs et cautionne leur acquisition. (4). Trois jours plus tard, le notaire Duprac s'amène chez Pierre Parent qui ratifie l'acte d'achat (5).

Un contrat notarié rédigé au mois de décembre 1691 résume bien la situation de la famille Parent. Dans ce cas-ci, Jeanne Badeau vient en aide à son fils Michel et à son associé et beau-frère, Joseph Rancourt. Rancourt a épousé Marie Parent, veuve de David Corbin, le 5 février 1685. Dans ce contrat le notaire qualifie de ces mots Jeanne Badeau : « Jeanne Badault femme de Pierre Parent habitant de Beauport Laqdte femme declarant faire Et gerer leur affaire de leur communeauté». Michel et son beau-frère construiront une chaloupe (6). 

Ces quelques cas ne représentent que la pointe de l'iceberg. Depuis le début de la décennie 1680, Jeanne est presque toujours celle qui parle au nom de la famille tant chez les notaires que devant les tribunaux. Les mots utilisés par le notaire Rageot en 1691 ne laissent pas de place à l’équivoque. À Québec et à Beauport, tous savent que Jeanne Badeau assume dorénavant la gestion des affaires de la famille Parent.

1. BAnQ, Minutier de Gilles Rageot, le 4 février 1688.
2. BAnQ, Minutier de Gilles Rageot, le 11 avril 1687.
3. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot, le 17 janvier 1688.
4. BAnQ, Minutier de Louis Chambalon, le 21 mars 1694.
5. BAnQ, Minutier de Jean-Robert Duprac, le 24 mars 1694.
6. BAnQ, Minutier de Gilles Rageot, le 12 décembre 1691.

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