vendredi 30 septembre 2011

Les recensements de 1667 et 1681

Plusieurs recensements ont été réalisés en Nouvelle-France mais seulement ceux de 1666, 1667 et 1681 ont été conservés. La famille de Pierre Parent a été oubliée dans le recensement de 1666. Le recensement de 1667 fournit les renseignements suivants sur la famille de Pierre Parent. Elle est composée de six enfants et deux domestiques, Pierre Vallière et Germain Langlois, qui habitent sous le toit de la famille Parent. De plus, Pierre déclare posséder trois bêtes à cornes et 15 arpents de terre en valeur.

La famille de Pierre Parent au recensement de 1667

Pierre Parent 50 ans, Jeanne Badeau 28 ans, Marie 12 ans, Jacques 10 ans, Pierre 8 ans, André 6 ans, Jean 3 ans, François 6 mois. Deux domestiques font aussi partie de la maisonnée : Pierre Vallière 20 ans et Germain Langlois 25 ans.

En 1681, les renseignements sur la famille de Pierre et Jeanne se résument à ceci : la famille possède 4 fusils, un pistolet, 18 bêtes à cornes, 24 brebis et 100 arpents de terre en valeur. Au lieu appelé « La Petite Auvergne » résident son cousin André Coudret et son gendre David Corbin.

La famille de Pierre Parent au recensement de 1681

Pierre Parent 55 ans,Jeanne Badeau 43 ans, Pierre 22 ans, André    20 ans, Jean 18 ans, Joseph 15 ans, Geneviève 12 ans, Michel 10 ans, Thérèse 8 ans, Joseph 7 ans, Jean 7 ans, Étienne 7 ans, Charles 6 ans, Claude 4 ans, Charlotte 3 ans. Avec la famille sont recensés 4 domestiques : Mathurin Cardin 55 ans, Clément Mauger 38 ans, Élie Clarouin 26 ans et Jacques Delaunay 38 ans.

La quantité de terres et d'animaux possédés par Pierre et Jeanne en ce recensement dépasse largement les valeurs déclarées en 1667. Il faut également souligner l'importance du nombre de domestiques dans la maisonnée. Les domestiques ou engagés de Pierre Parent feront l’objet d’un prochain commentaire.

Il faut noter que l’âge de la grande majorité des enfants Parent aux recensements de 1667 et 1681 ne correspond pas à leur année de naissance. Nous avons que Pierre le fils est né en octobre 1660, André en décembre 1662, Jean l’aîné en février1665, Joseph l’aîné en janvier1669, Geneviève en mars 1670, Michel en décembre 1671, Jeanne-Thérèse appelée Thérèse au recensement en octobre 1673, on ne connaît pas la date de naissance des triplets, Charles est né en novembre 1676, les dates de naissance de Claude et Charlotte sont aussi absentes des registres. L’âge de Pierre Parent et de Jeanne Badeau a déjà été discuté dans ce blogue.

vendredi 23 septembre 2011

La carrière Parent

On ignore à quel moment a débuté l’exploitation de la carrière Parent qui est située dans la seigneurie Notre-Dame-des-Anges tout juste à l’ouest de la rivière Beauport et qui est enclavée par les terres de Pierre Parent. En 1651, quand les jésuites vendent une concession à Jacques Badeau, le beau-père de Pierre Parent, il est précisé qu’ils se réservent l’usage de la carrière qui est située dans cette concession faisant en tout un terrain de 16 perches carrées (1).

En 1660, Pierre Parent achète les 16 perches carrées de terrain tout autour de la carrière (2) et le 9 décembre 1670, Pierre Parent signe le premier contrat dans lequel on fait mention de l’exploitation d’une carrière dans la seigneurie des jésuites. Pierre s’engage à fournir au riche marchand Charles Aubert de Lachesnaye autant de pierres et de chaux qu’il sera nécessaire pour la construction d’un agrandissement à sa maison de la rue Sault-au-Matelot en la Basse-Ville de Québec (3). Ce premier contrat marque le début d’une longue relation entre la famille Parent et cette carrière de Beauport.

En 1675, Pierre Parent et Jeanne Badeau s’engagent à livrer 50 toises de pierre de Beauport au séminaire de Québec (4). En 1678, le couple signe un nouveau contrat de livraison de pierres et de chaux au sieur de Lachesnaye qui agrandit encore sa maison et son entrepôt de la rue Sault-au-Matelot. Dans les décennies 1680 et 1690, le travail ne manque pas à la carrière Parent. En 1682, le riche marchand François Hazeur fait appel à leurs services (5).

Dans la décennie 1680, on constate, à la lecture des actes notariés impliquant la carrière Parent, que Jeanne Badeau dirige maintenant la destinée de cette entreprise. C’est elle qui, au nom de son époux, signe les contrats. Par exemple, en 1688, les ursulines de Québec font appel à leur ancienne élève. À la suite de l'incendie survenu au mois d'octobre 1686 qui a détruit leur monastère, il leur faut rebâtir. Ainsi, elles signent avec Jeanne Badeau, dans le parloir extérieur de leur couvent, un contrat d'approvisionnement de pierres et de chaux pour des travaux de maçonnerie à faire effectuer à leur monastère. Jeanne promet de faire livrer, pendant l'été qui vient, toute la pierre et toute la chaux nécessaires. Les ursulines paieront les sommes de 100 sols pour chaque pipe de chaux, de 24 livres pour chaque chaloupée de pierres de taille et de 17 livres pour chaque chaloupée de pierres communes. Jeanne accepte de recevoir les sommes dues moitié en argent et moitié en marchandises (6).

En 1706, leur fils Charles devient propriétaire de la terre paternelle et continue l’exploitation de la carrière. De génération en génération, les Parent vendent de la pierre de Beauport. Le nom Parent est associé à cette carrière jusqu’à la fin du XIXe siècle. En 2011, cette carrière existe encore et sa circonférence et sa profondeur n’ont rien à voir avec la carrière Parent du XVIIe siècle.

1. BAnQ. Minutier de Guillaume Audouart, le 7 avril 1651.
2. BAnQ. Minutier de Guillaume Audouart, le 14 avril 1660.
3. BAnQ. Minutier de Romain Becquet, le 9 décembre 1670.
4. BAnQ. Minutier de Romain Becquet, le 15 octobre 1675.
5. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot, le 11 mars 1682.
6. BAnQ. Minutier de Gilles Rageot, le 4 février 1688.

vendredi 16 septembre 2011

Pierre Parent, fermier

Au recensement de 1667, Pierre déclare posséder 3 bêtes à cornes et 15 arpents de terre en valeur. À celui de 1681, la famille possède 4 fusils, un pistolet, 18 bêtes à cornes, 24 brebis et 100 arpents de terre en valeur. Pierre pratique le métier de boucher, mais il est aussi fermier. Au fil des ans, il a acheté plusieurs terres.

Tout débute en 1652 quand le gouverneur Jean de Lauson lui accorde une concession de terre sur la côte de Beaupré. Pierre devient censitaire de « quatre arpents de terre de front ou environ Sur le grand fleuve St Laurent chacun arpent estant de dix perches de front et de profondeur Jusques a une lieüe Et demie ». Afin de respecter les clauses reliées à la concession de terres, Pierre s'engage à tenir feu et lieu sur cet emplacement dans l'année qui vient (1).

Au printemps 1653, il vend une partie de sa terre à Gilles Bacon et Marie Tavernier, son épouse. L'acte notarié précise que Pierre Parent habite la côte de Beaupré (2). Ce marché fait long feu, car Bacon meurt le printemps suivant; il est enterré à Québec au mois de mars 1654. Mais Pierre est bel et bien décidé à quitter la côte de Beaupré. À l'automne de la même année, Pierre vend à Mathieu Hubou la concession obtenue l'année précédente; Hubou déboursera la somme de 300 livres pour son acquisition (3).

Pierre s’installe dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges où demeure la famille Badeau. Les jésuites lui accordent une concession de terre dans leur seigneurie le 31 mai 1654. Cette concession couvre une superficie de 60 arpents. Dans les conditions à remplir par le concessionnaire, ce dernier s’engage à clôturer les champs où son bétail ira paître et faire moudre ses grains au moulin banal. Il paiera une rente annuelle de trois livres tournois et de deux chapons vifs (4).

Le 7 octobre 1658, Pierre achète une terre située dans la seigneurie de Beauport appartenant à Zacharie Maheu et à Toussaint Giroux et son épouse, Marie Godard. Ces derniers avaient obtenu cette concession directement de Robert Giffard, seigneur de Beauport, le 30 juin 1654. Ce jour-là, Zacharie Maheu, Toussaint Giroux et René Maheu obtenaient une pièce de terre toute boisée qui est située entre la terre de Jacques Badeau et de Robert Drouin et celle du seigneur de Beauport (5). Malheureusement, cet acte notarié du 7 octobre 1658 n'existe plus dans les minutes du notaire Vachon. Nous apprenons son existence en 1698 lors de l'inventaire des biens de Pierre Parent, puis le 30 janvier 1706, quand le notaire rédige l'acte de vente des terres de Pierre Parent, décédé en 1698, à son fils Charles.

En 1659, on en apprend un peu plus sur les biens de la famille de notre ancêtre. Comme ils viennent tout juste d'acheter une terre, Pierre et son épouse vendent à Étiennette Després celle qu'ils possédaient déjà, soit la concession obtenue le 31 mai 1654 avoisinant la propriété des jésuites et celle de la dame Després. Cette dernière débourse la somme de 500 livres pour son acquisition, somme qu'elle paiera « en castors »(6).

Le 14 avril 1660, Pierre acquiert des jésuites une superficie de terre de 16 perches carrées. Cette terre avoisine une carrière, propriété des jésuites, et la terre des Badeau (7). Après le décès de sa belle-mère, les biens fonciers de la famille Badeau sont partagés entre les trois enfants : Jeanne, Jean et Suzanne Badeau. Pierre achète les parts d’héritage de Jean et Suzanne et devient ainsi propriétaire de la terre des Badeau (8). Pierre augmentera son domaine foncier par des achats de terre dans la seigneurie de Beauport le 14 novembre 1671, le 12 décembre 1672 et le 18 mars 1685.


1. BAnQ, Minutier de Guillaume Audouart, le 16 juillet 1652.
2. BAnQ, Minutier de Claude Auber, le 10 mars 1653.
3. BAnQ, Minutier de Guillaume Audouart, le 30 octobre 1653.
4. BAnQ, Fonds du ministère des Terres et Forêts, document E21,S64,SS5,SSS5,D12
5. BAnQ, Minutier de François Badeau, le 30 juin 1654.
6. BAnQ, Minutier de Guillaume Audouart, le 8 juillet 1659.
7. BAnQ, Minutier de Guillaume Audouart, le 14 avril 1660.
8. BAnQ, Minutier de Paul Vachon, le 8 février 1672.

vendredi 9 septembre 2011

Pierre Parent, boucher

Dans les actes officiels, on dit de Pierre Parent qu’il est boucher ou maître boucher. Ce métier l’amène à acheter des animaux. Le 9 septembre 1657, il achète un bœuf de Pierre Gagnon, habitant de la côte de Beaupré, pour la somme de 129 livres (1). En 1659, il achète de Robert Giguère un bœuf de trois ou quatre ans pour la somme de 75 livres. Une clause de ce contrat rappelle la rareté du numéraire, Pierre peut payer son dû en « castor, argent ou billets »(2).

En 1664, il comparaît devant le nouveau tribunal du Conseil souverain. Comme il fait le commerce des bœufs, sa réputation l'amène à jouer le rôle d'expert dans un litige opposant Guillemette Hébert et Mathieu Hubou. Notre ancêtre, en compagnie de Guillaume Leliepvre et Jacques Boissel, examine un bœuf qui aurait été blessé en étant au service d'Hubou. Se basant sur les constatations des trois experts qui considèrent qu'avant d'être blessé, le bœuf pouvait rendre « de bon service », le Conseil condamne Hubou à verser la somme de 180 livres à la demanderesse et, en retour, il pourra disposer du bœuf à sa convenance (3).

Au milieu de l'été 1669, Jean Juchereau, sieur de La Ferté, lui vend deux bœufs pour une somme de 200 livres (4).

Au mois de mars 1672, Pierre Parent et Michel Lecourt, tous deux marchands et bouchers demeurant à Beauport, décident de travailler en association. Leur partenariat se traduit par l'achat d'un terrain à la Basse-Ville de Québec. Jean Dedouyt, prêtre du séminaire de Québec et représentant les marguilliers de la paroisse de L'Ange-Gardien sur la côte de Beaupré, leur vend un emplacement de 25 pieds par 48 pieds situé au bas du Sault au Matelot, pour une somme de 300 livres payable en deux versements de 150 livres chacun, à faire aux deux prochaines fêtes de la Saint-Jean-Baptiste (5).

En se lançant dans un tel projet, les deux associés s'engagent dans une ère de développement de leurs commerces. Parent et Lecourt veulent construire une maison rue Sault-au-Matelot. À l'automne 1672, ils se considèrent prêts à passer à l'action. Lecourt se rend chez le notaire Rageot en compagnie de Jeanne Badeau; Pierre est absent. Ils engagent Jean Langlois, charpentier de Québec. Celui-ci construira sur leur terrain « une maison de Vingt pieds de largueur de dedans en dedans Et vingt cinq pieds de dehors en dehors » avec des poutres installées de telle sorte qu'on pourra éventuellement construire une galerie. Chaque mur aura une épaisseur de deux pieds et demie. Les travaux de Langlois, pour lesquels il recevra une somme de 200 livres plus 6 litres de vin du marché, devront être terminés à la fin du mois de juin de l'an prochain. Lecourt et son associé ont déjà payé 50 livres à Langlois avant le début des travaux (6). La présence de Jeanne Badeau à la signature de ce contrat montre bien le rôle de premier plan qu'elle joue dans la gestion des affaires de la famille, et cet état de fait ne fera que s'amplifier dans les années suivantes.

Parent et Lecourt s'intéressent également aux moutons. À l'été 1673, ils achètent « Cinquante bestes a layne » vendues et livrées par Philippe Varnier pour l'importante somme de 700 livres que les deux bouchers promettent de payer d'ici la fête de Saint-Michel (7). À la fin de ce même mois, Pierre est demandé comme expert pour aller examiner une vache dans un litige entre Michel Lecourt et les jésuites (8).

Pierre obtient le contrat pour approvisionner le séminaire de Québec en viande pour l'année 1677. Malgré ses nombreux démêlés avec la justice, il livre 10 311 livres de viande au séminaire en 1677 (9).

En 1676, les bouchers de la ville contestent une décision des autorités qui leur impose une rente pour l'utilisation de leur étal de boucher à la place publique de la Basse-Ville de Québec. Ce long débat débute au tribunal de la Prévôté de Québec le 30 octobre 1676 et se termine devant le Conseil souverain, le 27 juillet 1677. Les bouchers impliqués sont : Guillaume Guillot, Guillaume Julien, Michel Lecourt et Pierre Parent qui est représenté par son épouse.

À la suite de ce long débat, Pierre reste toujours actif comme boucher et il continue de faire le commerce d'animaux, mais il diminue ses activités. Le 4 mai 1686, Martin Prévost, de Beauport, lui vend deux bœufs  pour la somme de 124 livres (10). Le 20 juillet 1691, on apprend qu'un mois auparavant Pierre Parent a fait un échange d'animaux avec Paul Chalifour (11).

Ces quelques documents officiels traduisent en partie un des volets du métier que Pierre Parent a pratiqué toute sa vie. 

1. BAnQ, Minutier de Guillaume Audouart, le 9 septembre 1657.
2. BAnQ, Minutier de Guillaume Audouart, le 21 septembre 1659.
3. Jugements et délibérations du Conseil souverain, vol. I, Québec, 1885, p. 149-151 (le 29 mars 1664).
4. BAnQ, Minutier de Romain Becquet, le 29 juin 1669.
5. BAnQ, Minutier de Romain Becquet, le 27 mars 1672.
6. BAnQ, Minutier de Gilles Rageot, le 20 octobre 1672.
7. BAnQ, Minutier de Romain Becquet, le 18 juin 1673.
8. Guy Perron, La Prévôté de Québec, transcription des volumes 5 et 6 (registres civils), janvier 1672 au 20 décembre 1673, tome III, Longueuil, Les éditions historiques et généalogiques Pépin, collection « Notre patrimoine national », no 234, 2002, p. 435.
9. Archives du séminaire de Québec, Manuscrit C2, p. 393-395.
10. BAnQ, Minutier de Claude Auber, le 4 mai 1686.
11. BAnQ, La Prévôté de Québec (registres civils), vol. 28, folio 119r.

vendredi 2 septembre 2011

Anne Ardouin

Il existe un acte de baptême au nom d’une Jeanne (Anne) Ardouin. Elle est née le 17 novembre 1617 et a été baptisée le 20, à La Rochelle, au temple Saint-Yon (1). Comme on n’a pas trouvé l’acte de mariage entre Jacques Badeau et Anne Ardouin, on ne peut être certain, hors de tout doute, qu’il s’agit de la même Anne Ardouin. S’il agit de la même femme, elle se serait mariée avant 1632, à l’âge de 13 ans, car son fils François Badeau a été baptisé le 10 août 1632.

Elle devient veuve en 1658. En 1662, nous savons que son gendre Pierre Parent est le fermier de ses terres. Un document rédigé par Jean Guyon, sieur du Buisson, arpenteur, confirme que Pierre Parent tient le rôle de fermier de la terre qu'occupe Anne Ardouin, dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, près de la rivière Beauport (2).
Extrait du rapport de Jean Guyon
[…] Sur la ligne qui sépare les terres des Révérends pères Jesuitte d avec celles du sieur Giffard, et ay tiré une ligne de Nord est au Sudouest, Et sur icelle toutes les Concessions Mesurées selon quil est porté dans leurs Contracts, Et entre les Séparations des dites habitations, ay planté un pieux en attendant la comodité du temps propre; pour les dits habitants y faire planter Bornes, et tirer Leur alignemens qui sont au nord ouest.
[…] Et Commençant par la premiere habitation qui commençe par Anne ardouin veufve de feu Jacques Badeau, Avons fait venir pierre parent son gendre et son fermier qui y a assisté pour elle […].

Au mois de janvier 1663, Anne Ardouin est victime d’un acte criminel. Dans la nuit du 23 au 24, un nommé Larose entre par effraction dans sa maison. Pour camoufler son méfait, il met le feu à la maison. Le dénommé Larose est arrêté, condamné et pendu (3). Quelques années plus tard, le recensement de 1667 nous apprend que la veuve de Jacques Badeau a un engagé du nom de François Allard. Elle indique au recenseur qu’elle est âgée de 52 ans. Au cours de l’année 1667, Anne Ardouin et sa fille, Jeanne Badeau, seront accusées d’agression sur un serviteur du seigneur de Beauport. Cet incident fera l’objet d’un prochain commentaire.

Le 5 décembre 1667, Anne Ardouin fait appel d'une sentence rendue en faveur de son gendre par le juge de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges le 22 novembre précédent. Le Conseil souverain accepte son appel (4). Le 9 janvier 1668, la veuve de Jacques Badeau plaide sa cause devant la Prévôté de Québec. La défenderesse a déjà été condamnée à payer la somme de 300 livres tournois en avance d'hoirie à son gendre et à sa fille Jeanne selon les termes de leur contrat de mariage, passé le 2 février 1654 dans lequel « Jacques Badault & lad. Hardouin Sa veufve Se Sont obligez de luy bailler en bestial et aues Meubles » pour cette somme. Anne Ardouin souligne qu'elle a perdu lors de l'incendie de sa maison plusieurs « acquits ou Memoire de ce qlle avoit avecq Son mary, donné audit Parent » et que, de toute manière, Pierre Parent a déjà reçu la somme de 300 livres. À la suite du décès de Jacques Badeau, Pierre Parent a reçu « Sa part & portion tant de meubles que baStiments delaiSSes par la dite Badault apres Son deceds ». Le juge donne raison à la dame Ardouin et il ordonne que soient mesurées et arpentées les « terres Labourables prez et bois eStant de La SucceSSion dudit defunct Jacques Badault, aux frais convenus de la SucceSSion pour en avoir et prendre La part qui luy appartient » (5).

Anne Ardouin meurt le 11 octobre 1670.


1. Fichier origine
2. Archives du Séminaire de Québec, Documents Faribault 117a.
3. The Jesuit Relations and allied documents, travels and explorations of the jesuit missionnaries in New France 1610-1791, New York, by Reuben Gold Thwaites, Pageant Book Company, 1959, vol. XLVI, p. 296.
4. Jugements et délibérations du Conseil souverain, vol. I, p. 145.
5. Guy Perron, La Prévôté de Québec, transcription des volumes 1 et 2 (registres civils), 2 septembre 1666 au 26 octobre 1668, tome I, Longueuil, Les éditions historiques et généalogiques Pépin, collection « Notre patrimoine national », no 220, 2002, p. 256-257.